Nature et ville, comment les réconcilier ?

Un entretien sur-mesure des espaces verts, qui favorise la biodiversité

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08 avril 2022

Intégrer de la nature dans la ville est-ce une solution pour rendre plus vivables les milieux urbains ? La réponse est un grand oui pour l’équipe de Chico Mendès, une association dévouée aux espaces “nature”. Ces endroits ont de multiples avantages : esthétique, écologique mais aussi pédagogique. Grâce à un entretien sur-mesure, une grande variété d’espèces végétales et animales sont favorisées dans ces espaces verts.
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Parc de la Citadelle © Elisa Despretz

D’année en année, le nombre d’espace vert dans les villes augmente. En 2020, la surface moyenne par habitants dédiée aux espaces verts était de 51m2, soit 3m2 de plus qu’en 2017. Ce n'est malheureusement pas le cas de Lille, où l'on ne retrouve que 17,9m2 par habitants. Un chiffre qui a augmenté depuis 2020. En parallèle, des associations se consacrent au développement de leur biodiversité. Chico Mendès en est une. Née d’une opération éponyme, l’association lilloise a pour objectif d’aménager et de transformer des terrains dégradés en espace naturel à vocation pédagogique. Hélène Boutonné, membre du pôle Communication - Gestion de l’association, le résume ainsi : « L’objectif est que l’espace soit le plus diversifié possible au niveau écologique pour qu’il soit intéressant au niveau pédagogique ». Leur terrain d’action se situe dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. 

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Palmarès 2020 des villes les plus vertes de France © Observatoire des villes vertes

L’équipe de l’association essaie de recréer une mosaïque de milieux naturels, compatible avec l’état initial du site. Théo Melin, membre du pôle Ingénierie - Technique de l’association, assure que « tous les milieux naturels existants sont favorables à un type de biodiversité ». Pour identifier celui adéquat, chaque aménagement prend en compte de multiples paramètres comme la nature du sol ou les conditions hydriques à travers un diagnostic écologique du site. Pour Hélène, « il faut créer les meilleures conditions pour que la faune et la flore puissent se développer de manière la plus diversifiée possible ».  

  

Le principe de mission gestion différenciée 

Vers les années 90, l’association s’est rendu compte que les collectivités manquaient de compétence concernant l’entretien des espaces verts. N’ayant pas tous la même visée, ni la même biodiversité, il ne faut pas tous les traiter de la même manière. Cet entretien sur-mesure s’appelle « la mission gestion différenciée ». Pour Hélène, il est impensable de ne pas adopter cette démarche, c’est pourquoi Chico Mendès propose des formations. « On ne va pas faire la même chose sur un espace dit « de prestige » à l’entrée de la ville ou devant la mairie où l’objectif est de montrer le savoir-faire en termes de végétation que sur un espace plus naturel au départ d'un parcours agréable autour duquel les gens vont se promener ».  

Pour adapter la gestion d’un espace vert, il existe un code qualité d’entretien dans lequel chaque lieu est classé en cinq catégories en fonction de la fréquence nécessaire à l’entretien.  

  

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Square Daubenton © Elisa Despretz

L’importance de la démocratisation de cette démarche  

Dans leur bureau au troisième étage de la MRES (Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités) de Lille, l’ambiance est scolaire, chacun est devant son poste de travail. Des photos d’animaux sont accrochées aux murs ou trônent sur les tables. Hélène révèle l’autre vocation de la mission gestion différenciée : la pédagogie, « On veut faire découvrir la nature ordinaire de proximité ». Comment cela s’organise ?  A Lille par exemple, les animations sont proposées par Chico Mendès à la citadelle ou dans les squares de quartier. Elles permettent aux enfants d’avoir un contact avec la biodiversité et d’apprécier les différentes espèces de la faune et de la flore. 

L’écologie est aussi impactée. D’après Sauvaje, une entreprise de paysagistes de Paris, la présence de diverses espaces végétales et animales dans les espaces verts grâce à la mission gestion différenciée est bénéfique pour l’environnement. Ces variétés pallient la baisse de la biodiversité.  

Pour Hélène, il est nécessaire de recréer de plus en plus d’espaces verts, car la ville va poursuivre son agrandissement. La nature a un impact non-négligeable sur le ressenti des citadins. Théo le résume « il faut faire des villes vivables et agréables pour tous : les habitants, la faune et la flore ». Pour avoir cette qualité de vie, la mission gestion différenciée s’impose. « Adapter l’entretien à l’espace, je pense que c’est la tendance globale actuellement », Hélène est positive sur ce point, la démarche continue à se démocratiser notamment grâce aux politiques publiques. 

Elisa DESPRETZ

 

Pour aller plus loin :

Les aides pour le territoire

La ville de Lomme a adopté la gestion différenciée

 

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