Le métaverse, atout économique ou catastrophe énergétique ?

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20 avril 2023

Et si un jour, le monde tel que nous le connaissons se transformait ? Chacun pourrait se réinventer et découvrir de nouvelles activités. C’est ce que proposent les métaverses, des mondes virtuels où tout est possible. Ces innovations existent déjà et vont se multiplier. Quelle forme prendra notre quotidien dans quelques années ? Quel sera le prix de ces métaverses ?
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Image d'illustration ©Adobe Stock

Mettre son casque de réalité virtuelle, choisir son avatar, sélectionner son activité, l’expérience peut commencer. Tout se déroule dans le métaverse, un univers créé de toute pièce par des codeurs et par ses utilisateurs. C’est un monde persistant, c’est-à-dire un endroit permanent qui n’a aucune limite. Dans cet espace, des activités, aussi appelées “expériences”, sont proposées. Vous désirez surfer ? Construire une maison ? De nombreuses propositions vous attendent. Tous types d’activités peuvent se dérouler dans ce type d’univers, y compris les plus illicites. La vie dans le métaverse peut se vivre seul, mais l’interaction entre les utilisateurs est essentielle.  Ils peuvent se rencontrer, discuter et faire des activités communes. 

 

Le concept de métaverse existe depuis longtemps. Il peut y en avoir une quantité infinie et certains existent déjà. Ces dernières années, des concerts ont été proposés dans ces univers parallèles au nôtre : U2 sur Second Life et Travis Scott ou encore Ariana Grande sur Fortnite. Mais aujourd’hui le métaverse se développe de plus en plus et cela dépasse l’écran du jeu vidéo. Cette invention peut être utile dans le milieu professionnel pour organiser des réunions à travers le réseau par exemple.  

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L'utilisation de nouvelles technologies dans la vie professionnelle, image d'illustration ©Adobe Stock

Le modèle économique au cœur du projet  

Capter l’attention de leurs utilisateurs est le pilier de leur modèle économique. Comment peut-on attirer les joueurs de Fornite à participer au concert d’un avatar ? Le métaverse repose sur le divertissement et s’étend de la vie personnelle jusqu’à la vie professionnelle. Comment font-ils pour fidéliser les utilisateurs ?  

D’après Dominique Bouillier, professeur des universités à Sciences Po, “si la plateforme vous propose quelque chose de stimulant et vous maintient en éveil, vous serez plus enclin à renouveler vos expériences et donc à payer”. Le fait que les expériences soient payantes pose un problème d’accessibilité, certains n’auront pas accès aux activités les plus onéreuses. Pour que les utilisateurs dépensent de l’argent dans ces plateformes et dans les objets technologiques nécessaires à leur utilisation, ces expériences doivent donc devenir capitales dans la société. “C’est une question de priorité, si ce loisir devient essentiel, tout le monde voudra y participer peu importe leur milieu social”.  

 

La superposition du réel et du virtuel 

Dominique Boullier estime que le métaverse va encore évoluer : “La technologie du casque est trop lourde et crée une barrière dès l’entrée. L’idée est de toucher le grand public, ils ne pourront pas demander aux gens de porter ce casque”. Le professeur imagine plutôt des lunettes de réalité augmentée : “ce serait des lunettes ordinaires sur lesquelles s’afficheraient des données, des informations ou même des publicités”. Reposant sur le même principe que Pokémon Go, ce nouvel univers serait une réalité mixte, un mélange entre du réel et du virtuel. Si ces frontières s’effacent, la réalité sera sans arrêt enrichi d’informations : “aujourd’hui, on vit entouré d’écrans, demain, ils seront présents en permanence devant nos yeux”. Il est possible d’imaginer des jeux, des visites culturelles ou des activités sociales qui s’ajustent en temps réel. 

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Utilisation de nouvelles technologies dans le cadre d'un loisir, image d'illustration ©Adobe Stock

Quel est le prix à payer pour ces nouveaux loisirs ?  

La réalisation de ce concept dépend de la capacité technique de la connexion. “Dans le futur, on aura accès à la 5G 26GHz, cela permettra le fonctionnement des lunettes de réalité augmentée”, pour Dominique cette rapidité d’interaction avec le réseau est essentielle afin que l’utilisation de cette nouvelle technologie devienne naturelle.  

Le professeur explique que la 5G avait pour but d’être plus efficiente, car les antennes ne s’adressent qu’au terminal nécessaire. Cette technologie diminue la consommation d’énergie. “Mais pour une bonne réactivité avec les objets connectés, de la 3D, de la réalité virtuelle voire de la réalité augmentée, il est nécessaire d’avoir une augmentation de la bande passante. Il y aura donc une grande quantité de petites antennes qui desserviront certains terminaux. Cela entraînera une consommation d’énergie bien plus élevée qu’avant”.  

Le modèle économique repose sur une utilisation régulière par les usagers. Cette démarche pousse à la consommation énergétique. Si les lunettes de réalité augmentée voient le jour, elles seront connectées en continu et recevront des données et des informations. “C’est comme si tout le monde regardait en streaming des films en 8k tout le temps”, pour Dominique Boullier “cela aura un coût énergétique invraisemblable”. Pour le meilleur et pour le pire, la superposition du réel et du virtuel pourra être un atout économique, mais également devenir une catastrophe écologique.  

 

Elisa DESPRETZ

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